« James ! Que fais-tu ici ? » « On n’a plus le droit de rendre visite à sa petite sœur maintenant ? » « Bien sûr ! Entre ! » Elle referma la porte de son petit bureau et referma le clapet de son ordinateur portable posé devant elle. « Alors c’est là que tu travailles maintenant.. ? » Rebecca pouvait sentir le ton sur lequel son frère aîné s’adressait à elle,n’avait pas fini ses études, en fait elle les avait commencées pour faire plaisir à ses parents car elle savait pertinemment qu’elle ne serait jamais avocate. « James… tu veux vraiment avoir cette conversation maintenant ? » Il lui lança alors un regard qu’elle connaissait bien et tous les deux eurent un petit rire avant de s’enlacer chaleureusement. « Tu m’as manqué » « Toi aussi ».
Rebecca n’avait pas vu son frère depuis plus de six mois. Depuis qu’elle habitait à New York rares étaient les mois où elle pouvait se permettre de rentrer voir sa petite famille. Elle n’était de toute façon pas très proche de ses parents et elle trouvait que son frère virait con par moment. Ses parents avaient toujours comparé la jeune femme à son aîné qui avait brillé dans ses études et s’était désormais fait un nom dans le milieu de la finance. Elle était évidemment ravie pour son frère qui faisait ce qui lui plaisait mais ne supportait pas qu’on lui dicte sa vie. Rebecca s’était construit seule. Arrivée à l’université de New York en septembre, elle l’avait quitté fin janvier, officiellement. Oui, car officieusement, elle ne se rendait déjà plus en cours au mois d’octobre. Depuis le plus jeune âge elle était attiré par le spectacle, le cinéma, la culture, les échanges, ce qu’elle résumait souvent par : « la vie ». New York avait été pour elle une bouffée d’oxygène. Une renaissance. Elle avait assisté à tellement de comédies musicales, de pièces de théâtre, de concerts, visité tellement de choses qu’elle ne pourrait même plus se souvenir dans quel ordre elle avait fait les choses. Absorbée par le tourbillon de sa nouvelle vie elle ne voulait plus en sortir. Elle s’était alors trouvait un petit boulot dans un musée et travailler bénévolement les soirs de semaine pour l’organisation d’un grand festival qui se déroulait tous les ans à Central Park. Après deux ans, et grâce à sa motivation, sa bonne humeur, son sens de l’organisation et son physique pas désavantageux, la jeune femme se vit offrir un poste à responsabilité pour ce même festival. En parallèle elle s’était également créée des contacts et commençait à connaître les bonnes personnes pour percer dans la grosse pomme. Le jour où elle s’installa pour la première fois dans le fauteuil du bureau qui portait son nom elle découvrit ce qu’était le sentiment de fierté personnelle. C’est dans ce même bureau qu’un an plus tard son frère lui avait donc rendu visite. « Tu es à New York pour combien de temps ? » « Un week end seulement. Mon avion pour Londres décolle lundi matin » « Tu veux passer à l’appart ? » « En fait, je nous ai réservé une table pour ce soir. On a quelque chose à fêter. » Rebecca ne sut comment réagir. Etait-ce « quelque chose » en rapport avec son travail, sa vie personelle, la famille. Quelque chose qui allait l’affecter elle ? « Dis-moi en plus ! » « Ce soir, sept heure sur maddison avenue ». Il tourna les talons et referma la porte, laissant Rebecca sans voix. Trente secondes plus tard il réapparu et ne pouvant cacher sa joie lâcha : « Je vais être papa ».


« Je suis heureuse de te voir Clare. » Elles ne s’étaient pas vues depuis longtemps mais Rebecca n’était pas surprise de voir son amie aujourd’hui. Malgré la distance les deux copines de lycée n’avaient pas perdu contact depuis toutes ces années, et pour cette journée qui s’annonçait éprouvante, Rebecca était contente de pouvoir compter sur le soutien de son amie. « Ca va aller… » lui murmura-t-elle en posant sa main sur l’épaule de Rebecca qui ne put retenir une larme. Le jour où elle avait appris décès de sa grand-mère avait été jusque-là un des pires souvenirs. L’enterrement fut pire.
« Comment ça se passe à New York? » « Je m’y plait. » Rebecca ne pouvait pas cacher l’émotion dans sa voix et Clare comprit qu’elle mentait à moitié. Sa vie à New York lui convenait mais les récents évènements l’avaient poussé à remettre beaucoup de choses en question. Les deux amies discutèrent jusqu’à tard dans la nuit, assise côte à côte dans le jardin de la maison de famille, un verre de blanc à la main. « Il est marié tu comprends. Et après un an je me suis rendue à l’évidence. Je ne suis rien d’autre qu’une partie de plaisir. Il a beau me dire le contraire, il y a bien longtemps que je ne crois plus au Père Noël ! » Clare la regardait sans trop savoir quoi dire. « Ca reste entre nous hein ? » « Tu sais bien que oui. »
A 25 ans elle faisait ce qui lui plaisait, elle vivait sa vie comme elle l’entendait et ce dont elle était le fière c’est qu’elle ne devait rien à personne. Mais sa vie amoureuse était un vrai désastre. Voilà un an qu’elle entretenait une aventure avec un homme marié. Elle savait pertinemment que cela ne mènerait à rien mais elle était tombée amoureuse et on sait toutes que dans ce genre de situation, tomber amoureuse, c’est le début de la fin. En plus de ça, elle avait perdu un de ses amis les plus proches après qu’il lui ait avoué ses sentiments. « Comment être cruche au point de rejeter un mec génial pour un autre qui n’en aura jamais rien à foutre de toi ? » Elle se comprenait pas et n’arrivait pas à trouver un équilibre. « On devrait monter notre propre agence de rencontre. Puisqu’on n’arrive pas à gérer nos vies sentimentales, autant s’occuper de celle des autres, non ? » L’idée était brillante mais Rebecca ne savait pas si le vin blanc commençait à faire son effet ou si elle le pensait vraiment.