« C'est une fille » Ces mots résonnaient dans l'esprit du jeune garçon, du haut de ses 7 ans et quelques mois de plus. Il allait avoir une petite soeur. Noam avait été au courant du fait que la famille allait s'agrandir. Ses parents avaient pris le temps de lui expliquer ce que ça signifiait et tout ce qui allait avec pour la simple et bonne raison que tous les enfants réagissaient pareils. Ils ne voulaient pas être remplacés dans le coeur de leur parent. Seulement, dans le cas du jeune garçon, il n'a jamais été apeuré, bien au contraire, il n'avait que cette envie qui l'animait. Etre accompagné pour la vie, comme si déjà, il pressentait que sa famille allait tourner au cauchemar et qu'en sortir deviendrait une réelle épreuve. C'est seulement quelques années plus tard que le rose dans lequel les Livingston vivaient se transforma en rouge ... Rouge enfer.

Ce matin là, Noam se réveilla comme tous les matins, du haut de quelques dizaines d'années. Leur mère n'était pas rentrée de la nuit, elle avait été appelée la vieille aux urgences qui manquait d'effectif à la suite de "l'accident le plus désastreux de l'année" comme tous les journaux l'avaient si bien dénommé. Jamais il n'aurait pensé que ça puisse arriver et pourtant. Quand il se leva, ce matin là, il vit tout un tas de policiers chez lui mais aussi son père en pleur. Tout se passa très vite, encore maintenant, il a du mal à détailler chaque situation. Tout ce qu'il se souvient, c'est qu'immédiatement, il rechercha sa soeur avec une seule idée en tête. La protéger. C'est à partir de ce moment que ce fut comme une évidence. Elle était tout pour lui, et elle serait toujours tout pour lui. Ce ne fut que quelques heures plus tard qu'il comprit le pourquoi du comment. Sa mère avait été tuée, ainsi que plusieurs médecins de l'hôpital par un dégénéré. Un fou, un malade mental, un type qui avait décidé de se venger d'on ne sait quoi. Bref, un esprit perturbé avait frappé et avait détruit un tas de familles, dont celle de Noam.

Le temps continuait d'avancer et le déclin commençait chez les Livingston. Très vite, le père du jeune homme tomba dans une dépression très agressive, et l'objectif principal du petit était de l'éviter. Moins il le voyait, plus il avait de chance de passer une journée sans hématomes. Il était devenu le souffre douleur, le moyen du père pour se sentir plus vivant, ou quelque chose du genre. Il ne sait pas, et ne veut pas savoir en même temps. Le temps continuait de passer, et le jeune Noam se jurait de sortir de ce trou, dès qu'il en aurait les moyens il sortirait. D'ailleurs, il passait sa vie dans le garage, à s'occuper des motos que son père avait. C'était un passionné, mais depuis le décès, il n'y touchait plus du tout. Peu à peu, Noam ne travaillait que très peu à l'école, et se concentrait sur l'argent. Il lui fallait de l'argent, absolument, il en avait besoin pour se sortir de cette emprise paternelle, mais aussi pour la sortir. Abigail. Sa soeur. Elle devait s'en sortir avec lui.

Ce jour, fut le jour de trop comme on dit, la goutte qui a fait déborder le vase. Mais ce n'était pas une goutte d'eau, oh non, ce fut plutôt une goutte de rage. Une rage folle et agressive. Ils étaient là, dans le salon, et la petite Abi avait, malheureusement renversé son chocolat chaud sur le tapis. Ce n'était pas la fin du monde, à première vue seulement. Quand leur père débarqua, ce fut tout autre chose. Tout se déroula encore une fois très vite. Il arriva à grande vitesse et souleva la jeune fille par le col avant de la lancer à l'autre bout de la pièce, tout cela sans cesser de hurler que ce n'était qu'une incapable, qu'elle ne servait à rien et que jamais, oh grand jamais, elle ne serait à la hauteur de leur mère. S'ensuit des insultes et d'autres coups dirigés vers la jeune et innocente fillette. Noam, devant un tel spectacle des plus terribles ne sut se contenir, et du haut de ses 18 ans, il agressa volontairement et violemment son père. Le rouant de coups, ce fut choquant, mais aussi très rapide. Son but était simplement et purement de l'assommer. C'était le seul moyen de s'en sortir. l'échappatoire était là, c'était maintenant ou jamais.

Une fois que l'homme d'une bonne trentaine d'années fut assommé, il porta sa jeune soeur dans sa chambre, sortit un sac et y enfourna tout un tas de vêtements, ensuite, il fit de même pour ses affaires et récupéra cette précieuse boite. Il avait économisé toutes ces dernières années et avait caché son butin dans une mystérieuse boite au fond de son armoire. Le moment était venu. Direction Myrtle Beach. Sa voiture, ses affaires, mais surtout sa petite soeur. En moins de cinq minutes, ils avaient fuis, pris leurs jambes à leur cou, ils s'étaient évaporés sur la route. « Tout va bien se passer, ça va aller » ne cessait-il de répéter à la brune qui elle, n'arrêtait pas de verser un torrent de larmes devant l'épreuve qu'elle venait de subir. Qu'il s'en prenne à lui, "l'homme", il le concevait encore que ... Mais qu'il s'en prenne à la plus jeune, à la plus frêle, à sa soeur. Non. Il ne pouvait pas l'accepter. C'est ainsi que sa vie prit un tout autre tournant.

A partir de ce moment, Noam se concentra beaucoup plus sur sa vie étudiante, sur ses études. Il avait un projet, travailler dans le milieu médical, et il savait qu'il allait y arriver. C'était son objectif. Ambitieux comme il l'était, il y arriverait. A côté, il s'occupait beaucoup de sa soeur, il lui trouva une bonne école, des loisirs, et l'aidait psychologiquement, ne voulant pas qu'un vrai professionnel s'en occupe. Non, leur passé devait rester derrière, jamais ils ne devaient revoir leur père. Partir fut facile, rester maître de la situation et ne pas avouer leur secret fut plus compliqué. Aux yeux de tous, ils étaient des orphelins. A qui voulait bien l'entendre, ils disaient la vérité sur la mort de leur mère, cependant, concernant leur père, il était "malheureusement" décédé dans un accident de voiture. Points. Jamais ils ne s'étalaient. Et malgré tout ceci, tout se passait bien pour eux, ils y arrivaient, ils y arrivaient même mieux qu'avant. A l'Université, il s'engagea dans des études de médecine, c'est d'ailleurs là-bas qu'il fit une merveilleuse rencontre. Lucas. Celui qui devint plus tard son meilleur ami.

Les années suivirent leur cours. Il bossait, énormément, pour réussir, mais usa également de ses charmes et de son esprit manipulateur pour arriver à ses fins et dépasser ses concurrents. Rien ne l'arrêterait. Après, côté vie sentimentale, il n'avait que très peu d'amis, seul Lucas comptait. Il réussit donc ses études avec brio et se spécialisa en tant que gynécologue. D'ailleurs, jamais Lucas ne réussit à le croire jusqu'à ce qu'il voit vraiment le nom de son meilleur ami sur cette feuille d'inscription. Oui, gynécologue, c'était ce qu'il voulait faire. Une envie comme une autre ? Non, pas vraiment, sa mère faisait ce travail, et elle fut toujours un exemple pour lui. Bref, devant son esprit dragueur et coureur de jupons, il voulait prendre soin de la femme. Puis les années passèrent, il se contentait de se concentrer sur son boulot, sur sa soeur, et se permettait ainsi une bonne vie de célibataire en couchant à droite et à gauche avec quelques internes par ici et par là. Une vie comme une autre vous direz. Après toutes ces années de responsabilités quand il fut très jeune, il devint l'immature qu'il avait toujours voulu être.

Il était donc dans une relation quelque peu libre jusqu'à ce qu'il décide d'aller à cette soirée. Rien de bien extravagant. L'ami d'un ami. Bref, il y est allé. Avant, il n'était qu'un dragueur asservi. Puis il la rencontra. Belle, grande brune, avec des yeux noisettes respirant la vie, des courbes très avantageuses, un esprit vif, et un sourire renversant. Bref, tout à fait son genre. Ils couchèrent ensemble, le premier soir. Mais, contrairement aux autres relations qu'il a pu avoir, il la rappela, le jour même pour repasser du temps avec elle. Maggie. Elle était vite devenu la sienne. Seulement la sienne. D'autant plus que sa nature possessive et jalouse prit le dessus très rapidement. Malgré son côté immature, il arrivait à se montrer attentionné et présent pour la jeune femme. Bref, il était heureux.

Tout ça jusqu'à ce qu'elle lui annonce sa grossesse. Il s'en rappelle comme si c'était hier. Sa réaction fut immédiatement. Il n'en voulait pas et n'en voudra jamais. Non, ce n'était pas possible. Lui p.... père. Non. A ce moment là, il sentit son corps se crisper, sa peau se tendre, sa respiration s’accélérer et son coeur battre la chamade. Cependant, elle voulut le garder, elle voulait le garder, malgré son refus, elle n'en ferait qu'à ta tête. Pour une fois, il allait fuir ses responsabilité, oui, il allait agir comme le gamin fêtard et dragueur et fuir. Simplement. La laisser. Il l'aimait, comme un fou, et cette folie disparue devant l'annonce de la paternité. Peut-être était-il con, peut-être était-il lâche, très certainement même. Mais c'était bien au-dessus de ses forces. Sentant ses forces faiblirent et les larmes monter, il décida de partir. Sans un mot, lui précisant juste qu'il ne serait pas de la partie, il disparut sans un regard derrière lui, la laissant dans l'appartement. C'est ainsi que tout se brisa, qu'il se réfugia dans sa caisse et roula pendant une grande partie de la nuit, tel l'homme désespéré qu'il était. Il ne voulait pas se prendre la tête, il voulait simplement redevenir l'adolescent qu'il était et se persuada que c'était tout à fait possible. il ne compte pas la revoir, mais c'est sans compter sur certaines obligations et l'entrée en jeu de sa soeur et ses quelques soucis avec certaines enseignes ...